L'oligarchie ça suffit, vive la démocratie: Le livre d'Hervé Kempf pour en finir avec la résignation

Publié le par criseetcerise

arton2076Le livre d'Hervé Kempf fait écho à d'autres pour inviter les citoyens à se réapproprier leurs destins et à se sortir d'une résignation collective installée dans l'esprit du peuple de manière durable. ( Dormez bien les petits.....). La crise écologique majeure appelle à un sursaut des consciences humaines. C'est aussi l'occasion d'apprécier la vitalité de notre espace politique et le niveau de conscience citoyenne. Certains pensent que l'éveil timide des consciences ne permettra de faire face aux enjeux environnementaux et que notre salut passe par l'accaparement de nos destinées par une poignée d'individus « raisonnablement éclairés » qui imposerait de force un changement collectif des modes de vie(L'enfer est pavé de bonnes intentions!!). Ce risque autoritaire inacceptable pour d'autres serait tempéré par les vertus protectrices de notre démocratie (Je demande à voir!!)

Mais pour Hervé Kempf, sommes-nous réllement en démocratie? Est-ce un écran de fumée illusoire qui cache la confiscation du pouvoir par un petit nombre? Le modèle démocratique se fissure avec la realpolitique qui érige une logique électoraliste de court terme des partis qui ne cherchent qu'à conserver le pouvoir sans peser sur les changements du monde. Nous sommes dépossédés de notre idéal démocratique par une oligarchie qui s'est drapée d'une précaution utile qui est de faire croire aux citoyens qu'ils sont en démocratie par des débats publics tronqués et une procédure électorale formelle. Ce semblant de démocratie permettant le contrôle du peuple repose sur une légitimité populaire( Le passage aux urnes qui est pour moi un marché de dupes car cette consultation factice sur des questions mineures rassure le citoyen alors que les enjeux majeurs sont discutés entre conclaves de gens éclairés et puissants) . L'oligarchie est bien le maintien des intérêts privés d'une minorité au détriment de la résolution des problèmes écologiques et sociaux d'une majorité d'entre nous. Cette caste fait démocratie entre elle et le peuple n'est cantonné qu'à un rôle de spectateur apathique mais rassuré par cet habillage subtil de démocratie que constitue ces débats publics artificiels entre gens du cercle de raison (capitaliste) sortant des mêmes grandes écoles, partageant le même logiciel cérébral, pétri d'un égo démesuré et d'un pédantisme méprisant, ayant surtout perdu le sens de l'intérêt général. Le dénominateur commun de ces gens éclairés, de ces oligarques, ce sont les poisons idéologiques qui parcourent les synapses de leurs cervelles rabougries: la globalisation, la sainte croissance et la recherche du profit.

L'auteur dénonce l'asservissement du peuple par la pollution télévisuelle qui empêche les citoyens d'appréhender intellectuellement les vrais enjeux. La télé est aussi l'outil permettant d'aliéner l'individu à ses désirs. On installe une primauté des désirs sur les besoins réels du consommateur. La télé, par le conditionnement mental qu'elle impose, consacre petit à petit la « démocratie des apparences » et la dictature de l'insousiance.

En effet, le chapitre 5 « Pourquoi ne se rebelle-t-on pas? » est la vraie question de ce livre. L'opinion publique semble se résigner face à la montée du chômage, à l'explosion des inégalités sociales, à la progression de la misère et des délocalisations. On ronchonne dans son coin mais on courbe l'échine et on se résout à tout accepter. Pour l'auteur, l'olgarchie aurait triomphé en gouvernant une masse d'individus s'abrutissant devant la télé, se contentant de miettes ( allocations de charité sociale pour éviter qu'un trop grand nombre d'individus ne sombre dans la misère noire).

L'éveil citoyen est rendue difficile car l'imaginaire collectif est colonisé par une idéologie libérale et capitaliste distillée dès la naissance et qui ne laisse aucune place à une autre alternative. Il y aurait donc un déterminisme écononomique polluant l'inconscient collectif et qui créerait une dépendance à l'idéologie croissanciste. La crise systémique majeure impose pourtant une nouvelle vision de notre société s'éloignant le plus possible d'une logique croissanciste qui par ses outrances a fait l'étalage de ses effets ravageurs. La croyance que nos problèmes actuels seraient résolus par plus de production, plus de consommation et plus de croissance, relève plus de la pantalonnade collective que de l'acceptation du réel. ( Ah! idéologie du développement quand tu nous tiens!!!).tv cerveau

De plus, la logique du capitalisme a détourné nos concitoyens de valeurs moins marchandes comme la coopération, l'importance du lien social et a imposé de fait un individualisme et un repli sur soi néfaste à un sursaut citoyen collectif.

Enfin, l'auteur affirme que la non-révolte trouve ses racines dans ce sentiment profond que nous sommes en démocratie et que ce système protège nos libertés, que notre mécontement peut s'exprimer dans les urnes( bienvenue au pays des bisousnours!!!). La classe dirigeante oligarque a une conscience de classe beaucoup plus affirmée que les classes moyennes et populaires profondément divisées, aidées en cela par un sentiment d'insécurité écononomique et social. Ce manque d'unité populaire pour engendrer une dynamique de rébellion citoyenne, conforte la caste oligarque au pouvoir légitimant de fait ses choix et ses stratégies.

En reposant cet ouvrage, une foule de questions m'assaille : Peut-on imaginer l'exercice du pouvoir sans connivences et collusions avec le monde des affaires? Comment remettre plus de participation citoyenne dans cette illusion de démocratie? Peut-on jeter concrètement et localement les bases d'une société où les citoyens redeviennent les acteurs de leurs vies?

J'ai apprécié en tout en cas cet auteur extraordinaire d'une clarté limpide que je vous invite à découvrir. Il affirme à raison que la crise écologique trouvera aussi sa résolution dans le défi social qui s'impose à nous tous.

Antony

 


 

 

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