La révolution citoyenne: reconcilier la question sociale et l'enjeu démocratique

Publié le par criseetcerise

luttte.jpgLe drame de Toulouse a été l'occasion d'une pathétique tentative de récupération politique pour susciter la peur, spéculer à la hausse sur un sentiment d'insécurité qui ramenerait dans le giron de la haine et du ressentiment toutes les âmes troublées et égarées. La droite fomentait l'indicible espoir d'une instrumentalisation de cette odieuse tragédie pour flatter les vils instincts de certains citoyens prêt à se repaître de proies livrées à l'ire populaire. Mais, l'émotion et la compassion légitime sur la caractère abject de ce drame doit-il submerger notre intelligence collective? La gravité du fait ne doit-elle pas nourrir la qualité de la reflexion? La complaisance médiatique pour l'émotion et l'immédiateté doit-elle contaminer à ce point notre société de la raison?

Alors que notre président-gesticulateur succombe aux blandices de la surenchère droitière en agitant une habile confusion entre immigration, islam et salafisme, le peuple français n'est pas dupe de cet amalgame douteux. N'en déplaisent à tous les prédicateurs du chaos national et autres dévôts de la stratégie du choc, les citoyens rejettent cet artefact et n'acceptent pas que certains enjeux soient occultés. Ce drame terrible est malheureusement victime de la dictature de l'urgence médiatique qui veut qu'un événement chasse l'autre. Cet acte répugnant est un crime contre l'humanité car tout intégrisme religieux quelqu'il soit est un péril mortifère, une défaite de la raison et une abdication de la pensée. Seul un surcroît d'éducation émancipatrice et universelle permet de construire les piliers du vivre-ensemble et de déconstruire les obscurantismes rétrogrades et déshumanisants.

Malgré cette tragédie, les enjeux sociaux et économiques ressurgissent avec encore plus d'éclat et de force. L'urgence sociale pénètre nos consciences, habite nos discours, hante l'espace médiatique. Le président-candidat tente de s'exonérer d'un bilan aux ravages cyclopéens et aux résultats canularesques. Le président du chômage de masse aura beau enrober son analyse dans une prosopopée ubuesque d'un monarque en fin de règne parlant de baisse tendancielle de la hausse du chômage pour qualifier une énième augmentation du nombre de chômeurs pour le mois.

Rien n'y fait! L'incroyable n'est plus crédible, les faits sont accablants et la grandeur de ses échecs résonne bien plus que la petitesse de ses propos.

L'exigence sociale rejaillit avec force dans le débat démocratique car jamais notre société n'aura enfanté autant d'écarts abyssaux et d'inégalités indécentes. Le chômage poursuit son ascension malgré les dénégations grotesques d'un président aux abois. Ainsi, Pôle Emploi recense 4 278 600 demandeurs d'emploi (soit 0,5 % de hausse pour février ou 5,8 % sur un an). Le président du million de chômeurs en plus entrevoit une légère reprise qu'il est d'ailleurs bien seul seul à percevoir. Un rapport récent sur la pauvreté en France indique que 13,5 % de la population soit 8,2 millions de personnes vivent avec moins de 954 euros par mois. Les femmes seules avec enfant, les personnes sans formation professionnelle et les femmes âgées isolées forment le gros du bataillon des victimes de la guerre économique. Le travail n'est même plus le repoussoir efficace de la misère puisque 6,7 % de la population en emploi est considéré comme pauvre.

La paupérisation du travail s'accompagne d'une démultiplication des souffrances au travail. Les récents suicides de cadres de la Poste atteste d'un malaise grandissant lié à une réorganisation néolibérale du travail stressante, à une gestion managériale infantilisante et à une soummission aux dogmes de la concurrence libre et non faussée. Une société où se multiplie les suicides au travail marque le funeste virage pris par une société qui opprime plus qu'elle n'émancipe, qui insécurise plus qu'elle ne rassure.

L'alternative, qui doit mettre fin aux angoisses mortifères du capitalisme financier, doit créer les conditions d'émergence d'une société du bien-vivre où le travail est créateur de richesses mais aussi source d'épanouissement. Ce combat à mener contre le projet lugubre des néolibéraux qui spéculent sur une nouvelle féodalité, l'accumulation illimité de profits indécents et le démantèlement des droits sociaux, est un défi titanesque dont la victoire finale pourra rendre l'espoir aux peuples soumis. Même notre idéal démocratique subit les coups de boutoir des rois de la finance qui n'aspirent qu'à tenir les rênes du pouvoir. Un surcroît de démocratie est incontournable pour contrecarrer les dérives d'un libéralisme débridé qui détruit des vies pour construire des profits. La question sociale doit être l'enjeu d'une autre répartition des richesses mais aussi des pouvoirs. La démocratie sociale doit contaminer tous les recoins des entreprises, toutes les cervelles des travailleurs et des patrons pour lutter efficacement contre tous les théologiens libéraux du servage et de la purge des droits sociaux. Seule une nouvelle constitution permettra de jeter les bases de cette république sociale, solidaire et écologique en donnant de nouveaux droits aux salariés. Jaurès disait: « Les progrès de l'humanité se mesurent aux concessions que la folie des sages fait à la sagesse des fous ». Soyons les porteurs de cette folle exigence démocratique salvatrice et les fervents combattants d'une lutte progressiste pour l'émancipation humaine.

 

Antony

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