Voter aux primaires: pourquoi??

Publié le par criseetcerise

 

psacademy-3fabeCe grand moment de démocratie qui inonde depuis un moment ondes, unes et plateaux doit-il nous amener à y participer? A ne pas en douter, ces primaires apparaissent à gauche comme une expérimentation censée redonner du souffle à notre vie démocratique. Cet exercice politique a été couronné de succès puisque la participation citoyenne massive est au rendez-vous ce qui vient confirmer les caciques solfériniens dans leurs choix de mettre en place ce processus.

Malgré tout, la question reste, en ce qui me concerne, de savoir si ,par sa participation effective, on doit valider ce processus démocratique qui semble n'être qu'un jeu factice dans la mesure où les protagonistes s'autoproclament comme la prochaine alternance à l'ère sarkozyste sans pour autant réfléchir sur les conditions d'une véritable alternative à la mondialisation que certains nous vendaient comme heureuse, au carcan libéral que nous dicte le traité de Lisbonne. Une alternative qui prend la mesure des enjeux écologiques occultés par la crise, porteuse d'une ambition politique majeure pour enfin engager notre modèle sociétal sur la voie d'une transition écologique et sociale.

Une alternative qui mettrait fin à notre soumission à la junte financière en reprenant le pouvoir sur celle-ci, en restructurant les dettes publiques dans sa partie illégitime, en éradiquant les pratiques spéculatives, etc....

Je ne suis pas convaincu par le prétendu effort de démocratisation qui ne vise qu' à faire émerger le meilleur candidat pour le second tour de la présidentielle, s'assurer le meilleur casting de désignation au détriment du projet. D'ailleurs, n'avaient-ils pas pris toutes les dispositions, par précaution et par reminiscence douloureuse du passé, pour éviter tout débat sur le fond puisque tous les candidats avaient voté le projet au préalable. A partir de là comment les différencier? Sur la personnalité, sur l'efficacité du régime amaigrissant, sur les différences idéologiques dont la ténuité n'échappe à personne. Mais alors, le 1er tour permettrait-il encore à un véritable projet de gauche d'exister, d'aller à la rencontre des français pour jeter les bases d'une république sociale, solidaire et écologique?

Non la volonté légitime d'en finir avec la parenthèse sarkozyste réactionnaire ne doit pas nous résigner à occulter les débats de fond, à ouvrir le champ des possibles pour s'engager dans une parenthèse alternative de transformation sociale.

Aller voter, pour quoi faire ? Je conçois que d'envoyer un message bien audible et perceptible au potentat élyséen était en soi une raison suffisante pour se rendre à la primaire et procurer une jouissance non dénuée d'intérêt en imaginant le monarque quinquénal découvrir lundi 10 octobre les chiffres de la participation citoyenne. J'admets aussi que la volonté de gauchir le plus possible le PS en optant pour le candidat « le moins à droite » pouvait apparaître comme une alléchante proposition.

Malgré l'indéniable succès de ce 1er tour que seul Jean-François Copé est incapable d'apprécier par ineptie pathétique dont lui seul a le secret, je ne suis pas convaincu par le prétendu effort de démocratisation des primaires PS qui ne vise qu' à faire émerger le meilleur candidat pour le second tour de la présidentielle, s'assurer le meilleur casting de désignation au détriment du projet.

Les candidats ont dit et redit,"qu'une fois le vote passé, ils se rassembleraient ".
Mais alors comment faire pour rassembler les idées d'Hollande, celles de A. Montebourg et celles des autres candidats ? Non, les idées ne se rassembleront pas, ce sont seulement les candidats qui se regrouperont sur le programme soi-disant de « gauche » du PS.

Puis-je cautionner un programme qui ne veut pas sortir du traité de Lisbonne, qui est en accord avec les recettes libérales du FMI, qui ne veut pas rompre avec les vieilles recettes productivistes du passé, qui ne veut pas briser le diktat imposé par les spadassins de la finance?

Je persiste malgré tout à croire que les protagonistes n'ont pour projet que la simple alternance à l'ère sarkozyste sans pour autant réfléchir sur les conditions d'une véritable alternative.
Peut-on être à la fois pour l'application du programme partagé " l'humain d'abord " et être d'accord avec un programme social-libéral ? 715450841

Je ne me résigne pas à tenter d'ausculter les 2 candidats pour y trouver différences significatives mais les deux sortants du 1er tour des primaires cultivent une certaine gémellité idéologique puisque Montebourg ne rechigne pas à les qualifier de « 2 faces d'une même pièce, 2 enfants l'un spirituel, l'autre réel de jacques Delors » l'instigateur du tournant néolibéral en 1983.

Je tire mon chapeau à ceux qui trouveront des différences entre ces 2 personnalités qui ont appelé à voter pour le TCE en 2005 et qui ont mélé leurs voix à la droite en 2007 lors de la ratification du traité de Lisbonne foulant allégremment la volonté populaire qui s'était prononcé contre le Traité Constitutionnel Européen. Traité qui par ailleurs institutionnalise l'eurolibéralisme comme horizon indépassable pour l'ensemble des peuples européens.

Deux candidats qui ont participé ou soutenu un gouvernement jospiniste ou déjà à l'époque le futur docteur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, grand pourvoyeur de purges d'austérité bien amères pour les peuples, a pu faire l'étalage de son addiction social-libérale par des plans de privatisations totalement incongrues pour un gouvernement de « gauche ».

Des candidats qui n'abordent pas les questions fâcheuses comme les traités européens, l'augmentation des salaires mais plutôt férus de circonvolutions verbales qui dissimulent mal leur soumission aux dogmes néolibéraux. Expliquer comme le fait Hollande que « le capitalisme doit être régulé » est une lapalissade à faire mourir de rire les grandes places financières quand on omet d'expliquer comment on va s'y prendre concrètement.

Ce qui charmant avec ce programme du futur candidat, vainqueur du casting primaire, est son inefficacité à relever les défis économiques, sociaux, écologiques et financiers puisqu'il ne propose pas de ruptures fortes avec ce capitalisme financiarisé qui exploite les êtres et les écosystèmes.

Le grand mérite de cette primaire aura été de rebattre les cartes en faisant émerger la vraie ligne de rupture idéologique pour les années à venir. D'un côté, une gauche « mondialiste » qui ne saura qu'accompagner le système sans jamais influer sur lui et une gauche « démondialiste » qui veut porter l'espoir d'une société solidaire, écologique et sociale quitte à repenser le cadre de société.

Alors, attendons dimanche pour découvrir le candidat « centriste » qui sortira de cette primaire qui petit à petit consacre une forme de vote utile ( l'émergence du meilleur pour dégager le réac de droite) au détriment du fond idéologique, une sorte de république sondagière où les candidats captent leurs voix par leur personnalité plutôt que par leurs convictions, une sorte de démocratie consensuelle où les candidats du système supplantent les adeptes d'une rupture salutaire.

 

Antony

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