France: un pays riche de pauvres

Publié le par criseetcerise

 

pauvrete-1232917101Une étude de l'INSEE révèle que le nombre de pauvres vivant en dessous du seuil de pauvreté fixé à 954 € par mois a augmenté entre 2008 et 2009. On dénombre ainsi 8,2 millions de personnes démunies. Le rapport stipule que 13,5 % de la population peut être qualifiée de pauvres. Mais, notre classe dirigeante imbue d'elle même et obnubilée par le sacro-saint triple A, préfère conserver la confiance des marchés financiers là où la défiance des peuples ne fait que grandir. Cette soumission à la junte financière est indigne de responsables politiques prétendant défendre les principes démocratiques qu'ils bafouent sans vergogne au nom de la crise. La caste oligarchique au pouvoir s'acharne à faire admettre au peuple français qu'une cure d'austérité s'impose au moment où le nombre de démunis explose et que la croissance est quasi moribonde. Tout le système politique et médiatique s'agite pour dérouler l' habituel catéchisme néo-libéral convenu d'avance. On nous parle de « la nécessité de réformer notre pays pour s'adapter et rester compétitif », on manipule les citoyens avec les antiennes libérales du type « on vit au dessus de nos moyens » et « il faut accepter de faire des sacrifices ». On compare (de manière ridicule) la situation budgétaire de notre pays au budget familial d'un ménage qui ne saurait dépenser plus qu'il ne gagne. On parachève cet écran de fumée avec l'idée qu'il n'y a plus de marges nationales.

A travers tant d'approximations, de mensonges, d'impostures et de formatages idéologiques, comment le citoyen peut-il saisir ces enjeux majeurs rendus volontairement obscures pour le dissuader de s'y intéresser ou simplifier abusivement pour détourner son attention et le conforter dans ses certitudes.

Le déficit français se creuse mais il n'est pas lié à une gabegie de dépenses publiques irresponsables mais plutôt à un manque de recettes fiscales savemment et idéologiquement mis en place par les gouvernements néo-libéraux. Thomas Piketty a révélé que les 1 % des français les plus riches avaient bénéficié de 150 milliards de cadeaux fiscaux depuis 2001. Les dépenses publiques ont légèrement baissé en France passant de 55% à 52% entre 1993 et 2007.

Marteler à l'opinion qu'il faut couper dans les dépenses est donc socialement injustes, éconiquement inefficaces et moralement inacceptables. Socialement injustes car les dépenses sociales jouent un rôle d'amortisseur sociale en période de crise pour les individus les plus fragiles. Elles sont l'indispensable levier d'une cohésion sociale déjà fragilisée. Economiquement inefficaces car une recette budgétaire scandaleuse ne provoquera qu'un plat insipide aux ingrédients connus d'avance: asphyxie de la croissance, panne de la consommation, explosion du chômage.

Comment croire que la solidarité puisse sortir grandie d'une purge sociale faite injustement sur le dos des plus faibles? Que peut-on encore espérer ôter à ces démunis si ce n'est une dignité déjà chahutée par tant d'indécence provocatrice, de richesses exposées et de moralité bafouée?

Et pourtant, l'année qui s'annonce n'est pas sombre pour tout le monde puisque les entreprises du CAC 40 ont augmenté leurs profits pour le 1er semestre 2011 et ce n'est pas le subside fiscal abject et ridicule accordé par quelques barons repus totalement indifférents à la misère qui s'accroit qui changera le cours de l'histoire. Cette charité patronale cynique est le fruit d'une inquiétude montante chez les puissants qui anticipent une colère sociale qui leur serait destinée et qui du coup lâchent quelques miettes au peuple résigné. Cette générosité factice est de plus conditionnée à des réformes que l'état devra engager pour adapter notre pays en démantelant les services publics, le droit du travail, la sécurité sociale et les aides publiques. Finalement, notre président n'est pas seulement celui des riches mais aussi celui des pauvres qui viennent gonfler les files d'attente à Pôle Emploi.Riches

Conserver le triple A des marchés financiers pour infliger la triple peine au peuple français que l'on condamne à la purge d'austérité, à la perte de sa souveraineté et au démantèlement de son modèle de société. Chacun d'entre nous aspire certainement à être autre chose qu'à devenir de la chair à spéculation sur le théatre des opérations de la guerre économique.

Quel niveau d'indécence l'opinion française est-elle prête à supporter? Quel sera le point de rupture qui fera basculer notre modèle sociétal vers plus d'équité et de justice sociale?

Antony et Séverine

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