En piste pour la valse des régressions

Publié le par criseetcerise

 

austéritéDepuis plusieurs mois, la crise et les soubresauts boursiers rythment tels des ballets inquiétants la vie des citoyens apeurés par l'ombre funèbre des prédateurs cupides. Pour les libéraux, cette crise est une coïncidence rêvée pour que les puissants mettent en oeuvre l'indicible, leurs « réformes structurelles » abjectes que la volonté populaire aurait tenté de faire reculer dans des temps apaisés.Mais, la dette indigne et fallacieuse est le prétexte à un tourbillon libéral de régressions sociales aussi iniques que cyniques.

Ainsi, la réforme des retraites avancée d'un an pour récupérer 100 millions d'euros sur le dos des futurs concernés ne règle en rien la question cruciale du financement du système des retraites. La taxation des mutuelles pour arracher 2,2 milliards d'euros va encourager cette fracture sanitaire grandissante dans notre société quand 29 % de nos concitoyens renoncent à se soigner pour des raisons financières ou quand les plus démunis contractent des micro-crédits pour un accès aux soins. Enfin, le gel du barème de l'impôt sur le revenu est une perfidie subreptice d'alourdissement de l'impôt ni vu ni connu qui concernera beaucoup de foyers fiscaux déjà fortement touchés par l'érosion du pouvoir d'achat, la paupérisation et la précarisation galopante.

Toutes ces régressions injustes socialement sont des aberrations économiques puisqu'elles fragilisent une croissance atone, réduisent l'activité économique et les rentrées fiscales.

A côté de cela, une régression démocratique se répand comme une tache d'huile sur l'ensemble du continent européen sous des aspects divers. D'un côté, le masque spécieux de la gouvernance économique européenne qui institutionnalise la règle d'or pour éradiquer les déficits publics, la subordination des souverainetés populaires par la mise sous tutelle et la surveillance eurocratique des budgets nationaux, enfin, des pratiques coercitives avec un panel de mesures de rétorsion censées ramener dans le droit chemin de l'orthodoxie budgétaire les états impétueux victimes de leurs impécuniosité.

Mais après la face respectable de la gouvernance, il y a aussi la face sombre de la pure régression démocratique avec les coups d'états orchestrées par les spadassins de la finance. Les banques pratiquent des taux d'intérêts usuraires et se servent de cette rente illégitime pour prospérer, prendre le pouvoir et imposer génuflexion aux peuples résignés.

En Italie, des technocrates financiers s'acharneront à appliquer au peuple les doléances rigoureuses de la trop célèbre Troïka financière (BCE, UE et FMI).

En Slovénie, les taux d'intérêts atteignent des niveaux inquiétants. Ces taux ont commencé à augmenter suite au référendum où le peuple s'est prononcé contre le recul de l'âge de départ à la retraite. Les aigrefins de la bourse n'hésitent plus à faire de la spéculation sur les taux des ogives financières hostiles envers les nations européennes non coopératives. Cette pression spéculative inacceptable au caractère autocratique sonne le glas d'une europe sociale qui devait protéger les citoyens. Au contraire, malgré un flot médiatique de billevesées incessentes, cet habillage démocratique de la gouvernance économique dissimule mal l'émergence d'une eurocratie despotique. Pis, ce sont les AAA (les Agences Anti-démocratiques d'Austérité) qui désignent les nouveaux commis zélés pour gérer les affaires des états au mieux des intérêts et des dogmes néolibéraux de l'oligarchie financière.

En Espagne, les électeurs ont sanctionné le PSOE pour sa politique anti-sociale mais l'arrivée d'une droite populaire assure aux citoyens la continuité de l'austérité censée rassurer les rentiers. Et pourtant, l'aspiration démocratique n'a jamais été aussi grande par les oligarchie-3 1297276379mouvements d'Indignés, d'  « Occupy » qui s'organisent un peu partout dans le monde. Cette effervescence caractérise une frange de la population soucieuse de démocratie, d'égalité et de partage car les 1% les plus riches ne doivent plus imposer leur diktat aux 99 % du reste de la population. Mais, tous les débats autour de la crise de l'Euro et de l'arnaque de la dette ne sont qu'un alibi pour éviter de débattre du partage des richesses.

En France, l'agence Fitch vient elle aussi de placer le pays sous l'oeil des malandrins de la notation en affirmant que la France sera atteinte en cas d'aggravation de la crise de l'euro. Notre tyranneau élyséen proclame avec sa grandiloquence coutumière: « La crise va créer beaucoup de souffrances mais ce peut être une opportunité pour notre pays de prendre des mesures qu'il n'aurait jamais accepté ». Le rêve inavouable des puissants est en passe de se réaliser: profiter d'une crise pour imposer des sacrifices, légitimer des regressions indignes et préserver ainsi les bénéfices d'une caste d'oligarques qui a rompu les amarres.

 

Antony

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